D’OBAMA À TRUMP L’ATTENTE MESSIANIQUE DE LA LUMIÈRE NOIRE

Temps d’écoute : 19 minutes

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À nous, comme à chaque génération précédente, fut accordée une faible force messianique sur laquelle le passé fait valoir une prétention. Cette prétention, il est juste de ne point la repousser. L’historien matérialiste en a conscience.
(Walter Benjamin)

 

Le 20 janvier 1758, le processus est lancé. Un homme à dimension messianique , brisant ses chaînes , traverse le feu des brasiers de l’échafaud , et sort vivant de l’holocauste. L’antéchrist reçoit son coup mortel et la voie s’ouvre pour l’avènement du Mahdi. En l’an 252 de cette nouvelle ère, en deux grandes occasions, les 12 et 20 janvier, la terre décide de rejeter ses fardeaux. La première secousse nous somme de porter notre regard en avant, vers la date charnière de 2012. La seconde nous rafraichit la mémoire à propos de l’avènement, celui du premier homme, de la première terre, pour le renouvellement. Tel qu’annoncé dans la prophétie de Mackandal. Rien moins que cela.

Réaction précoce de l’âme au déploiement de l’Anthropocide , le parcours du peuple haïtien est une lente traversée de la nuit s’étalant sur un temps d’attente messianique, à la lueur parfois d’une bougie tantôt d’ une torche annonciatrice du rayonnement du soleil de la délivrance de l’humanité. Nous sommes en présence de la première expression amplifiée de messianisme révolutionnaire des temps modernes de portée universelle, dénonçant l’ordre mondial dans ses fondements idéologiques , attaquant son édifice dans ses assises matérielles et symboliques .

Le sens de la présence du Noir en Amérique et le projet Nouveau monde

En cette année du 250e anniversaire de l’occultation de l’Iman Makandal , qui a vu un noir accéder à la présidence des États Unis, Il fut dit ceci

« La vigilance est de rigueur. Ô Bat’ala !

Obama sauras-tu bien intégré le blanc dans l’Alliance du Nègre et de l’Indigène, fusionnés en Mackandal, pour chevaucher la Bête ? Que la grâce d’Allah soit sur toi, Barack Alihu ! Sous la conduite du premier homme, de la première terre, la porte de nouveau s’ouvrira, la Terre renouvelée resplendira de la lumière de son Seigneur. Le programme sera conforme à la justice et tous ceux dont le cœur est droit l’approuveront. »

Pour comprendre la portée du processus émancipateur hayitien , et le sens de la mission historique du peuple qui a fait irruption sur la scène du monde , à la faveur de l’évènement méta historique de la transmutation de Makandal , prolongé trente trois ans plus tard, au BWA KA IMAN, il importe de bien saisir celui de la présence des noirs en Amérique , solidaire du grand projet d’entrer dans un Nouveau monde. Du même mouvement se révèlera la nature des relations Haitiano-Etasuniennes , ainsi que l’importance qu’elle revêt dans l’intelligibilité de la marche et l’indication de l’état du monde.

La violence et la brutalité de la traite et de l’esclavage ne doit pas nous faire perdre de vue la portée et le sens de la mission du Noir dans le nouveau monde. Malgré son caractère en apparence forcé, il est judicieux de considérer que la traversée n’a pas été réalisée dans une perspective de retour. Nos ancêtres transportés en Amérique , l’ ont été dans un dessein bien précis. L’intelligence cosmique suivait son plan, dont le contenu peut échapper à la compréhension des hommes , surtout si on s’arrête à ces modalités de réalisation. Le brassage des races et des civilisations , qui s’est produit en Amérique, n’est pas un phénomène fortuit. Il s’inscrit dans un processus de purification et d’intégration de l’humanité pour l’avènement d’un monde meilleur, à la dimension de la demeure originelle d’où nous sommes chutés, Guinen, la Terre sans mal, l’Eden. C’est à la lumière de cette compréhension de l’histoire, qu’il nous importe d’appréhender les évènements, pour en dégager le sens profond au-delà des apparences.

Le rôle central d’Haïti, première république nègre des temps modernes, phare des ethnies assujetties et celui des États-Unis, leader du monde blanc dominant, symbole de la puissance et de l’imposition d’une certaine vision prédatrice du monde, , apparaissent dès lors sous un éclairage nouveau.

Sans l’ombre d’un doute, Ayiti représente pour les afro descendants ce que sont les États-Unis pour les anglo-américains, du moins tant que l’intégration ne sera pas réalisée pour la constitution d’une véritable union américaine. Pour bien saisir ce propos , il faut le purger un petit peu de l’idée de pays et de territoire , de frontière et de souveraineté étatique , pour embrasser celle de terre , d’ethnie, de peuple, de civilisation, de vision du monde. La matrice culturelle constitutive des afro descendants dans leur nouveau cheminement historique en Amérique, c’est Ayiti, expression non seulement du brassage des différentes tribus d’Afrique mais aussi, ce qui est autrement déterminant , de leur fusion avec l’autochtone, l’indigène pour la production de cet être nouveau, l’Haytien .

L’Aïtien représente par excellence l’afro indigène face au blanc prédateur, jusqu’à ce que par justice et réparation, ce dernier expie sa faute et intègre l’ensemble, pour l’avènement du véritable règne humain. Jusqu’à cet évènement qui ne saura tarder, les Afro descendants en Amérique, doivent comprendre que l’Afrique est leur grand-mère et non leur mère , qui est désormais Ayiti. Ils seront jugés selon leur prise en compte de ce fait capital dans le grand jeu de l’aventure humaine.

Car chacun a à réaliser ce pourquoi il a été créé et sera jugé en conséquence. .
A l’origine, le mouvement d’émancipation aux États-Unis d’Amérique s’était imprégné de cette vision des choses.

Ainsi l’élite de la conscience noire s’est mobilisée contre les exactions de l’occupation étasunienne d’Ayiti en 1915 ; ce qu’elle avait d’ailleurs dénoncé depuis le milieu du XIX ème siècle lors des premières manifestations des velléités de l‘impérialisme américain sur le sanctuaire des opprimés. En reconnaissance de l’hospitalité généreuse offerte par la première république nègre à ceux qui fuyaient l’esclavage sur le continent, de nombreux noirs des états unis avaient en effet acquis la nationalité haïtienne , conférée à l’origine par les constitutions du pays.

Ceux qui sont doués d’intelligence et ont un cœur pour comprendre, savent reconnaître l’importance capitale d’Ayiti dans l’évolution de l’humanité. Dans une intervention ’un leader noir américain , de la dimension de feu Andrew Young , a mis son intellect au diapason de son cœur pour enseigner ses compatriotes sur certains aspects importants des relations haitiano américaines. Il a en substance fait ressortir l’incommensurable dette historique, morale, économique et financière de la « première puissance du monde » au pays « le plus pauvre de l’hémisphère ». Il n’est pas allé assez loin pour faire ressortir l’implication d’un tel fait dans la formation de la conscience universelle et plus particulièrement dans la formation de l’imaginaire afro américain. En réalité, Haïti est le miroir d’un monde où est reflétée sa face hideuse dans toute sa cruauté , qui nous dit toute la souffrance infligée par la cupidité et l’égoïsme de certains hommes , pour étaler ce « règne de la quantité » à prétention civilisatrice. Elle nous indique ce que celle-ci doit à la justice.

Au Memorial Jefferson à Washington on peut lire : « Je frémis pour mon pays quand je pense que Dieu est juste et que sa justice ne peut pas dormir pour toujours ». Ces mots, nous devrions les garder à l’esprit, tout comme les réflexions de John Quincy Adams concernant le crime fondateur, et qui a duré des siècles, le sort de « cette malheureuse race des indigènes américains, exterminés de façon si impitoyable et avec une cruauté si perfide… parmi d’autres pêchés de ce pays, pour lesquels je crois que Dieu nous appliquera son jugement un jour ».

PERSEVERARE DIABOLICUM

Toute entité qui persiste à se reproduire au delà de son terme , se métamorphose en un monstre appelé à se dévorer lui même. Tel est l’aspect négatif d’une trop forte résilience. « Pito nou lèd nou la »

L’empire advient de la capacité d’une puissance à piloter le système monde, en accompagnant sa dynamique d’expansion. Nous rejoignons ici la thèse selon laquelle la république finit toujours par devenir un empire, en voulant se perpétuer , car c’est le seul moyen de réaliser cet objectif. L’histoire en vérité est celle d’empires , en décomposition et recomposition. Et l’histoire moderne loin d’en faire exception s’y inscrit selon ses propres particularités et modalités. Que peut être une hyper puissance mondiale pour ceux qui la subissent ou qu’elle satellise, sinon un empire vampirique ?

En écho aux velléités expansionnistes affichées de Trump, l’un des plus influents présentateurs de Fox News, Jesse Watters, a déclaré en direct à la télévision , : « Si j’étais citoyen d’un autre pays et voisin des États-Unis, je considérerais comme un privilège d’être annexé par les États-Unis d’Amérique »

Le recours au passé pour corriger le présent peut suivre deux directions différentes. Dans le sens d’une dystopie qu’entraine un désir revanchard , rempli de ressentiments par rapport à ce qui aurait pu être , au détriment des autres. La volonté de puissance , le refus de prendre conscience de l’évolution du monde en sont les mobiles évidents.

Le slogan trumpien ” make america great again” est la parfaite illustration de ces méprises catastrophiques qui ne font qu’ajouter aux malheurs du monde.

Par contre , trouver dans l’histoire les points de bifurcation ratés de possibilités d’autres mondes , relève d’une intelligence visionnaire permettant de concevoir de nouvelles utopies
Penser le monde nouveau à construire en regard de l’utopie hayitienne , suppose simplement de voir les EtatsUnis , sans idéologie supremaciste , soucieux d’effacer la tache originaire de l’esclavage , ouverts à la diversité du monde et respectueux de la vie sous toutes ses formes. Bref une autre vision de la manifeste destiny qui vient à la rencontre de l’animisme messianique haïtien de l’émancipation , dans un élan de quête d’harmonie et d’équilibre de la Vie.
Tout juste à la mesure de l’humain véritable , Moun. En tant qu’il est solidaire des autres règnes.

Le quarante septième président américain , qui semble sans fard assumer la nature foncièrement impériale de la République étoilée, comprendra -t-il que sous peine de dérivation finale catastrophique , la destinée manifeste des Etats-Unis est indissociable de la mission historique du peuple haïtien, donc du relèvement d’Hayti.

En s’appuyant sur les fondamentaux qui structurent les relations entre les deux pays phares du nouveau monde, , il serait possible , dans une démarche prospective, de concevoir à partir de la bilatéralité USA/Haiti , l’allure de l’ ordre mondial à venir ainsi que la place des EU et d’Hayiti dans cette nouvelle configuration-Tant il est permis de soutenir que la nature des relations entre ces deux pôles extrêmes de l’ordre mondial dit l’état général du monde. Tout changement significatif de politique internationale des EU qui prend en considération , de manière réaliste ou idéaliste ,les défis de notre temps , se manifestera d’abord dans leur relation avec Haïti. Pour dire mieux la bilatéralité Haïti/EU est le champ d’expression première de la prise de conscience sérieuse des enjeux mondiaux actuels .
Si on part de l’hypothèse , fortement probable, d’une évolution multipolaire de l’architecture internationale , que ce soit à la suite d’une troisième guerre mondiale, limitée en intensité nucléaire, ou en l’évitant , par suite d’un arrangement entre les puissances, l’avenir proche des États Unis tend à sa réduction en puissance régionale. Ils continueraient à représenter un acteur majeur , mais dont l’influence dépendra largement de la qualité des relations avec les voisins et du niveau de bien-être de leurs populations. A condition de se résoudre à faire le deuil du Big Stick au profit d’une franche politique de bon voisinage , basée sur une équitable intégration régionale , axée sur la prise en charge commune des défis globaux.
De toute façon la débâcle actuelle de l’occident , est le résultat de sa déviation des principes promus . Manifeste dans la faute originelle des États Unis ; l’esclavage racial, qui contredit ses prétentions au leadership de la liberté dans le monde. Cette tare congénitale , en ce qu’elle structure son rapport avec le pays de l’abolition de l’esclavage , ne peut trouver sa purification que dans la prise en charge d’une politique réparatrice , initiée avec la première nation ayant proclamé l’universalité des principes de liberté et d’égalité . Assi vrai que l’idéologie suprématiste constitue l’horizon à dépasser pour concevoir un autre monde possible..

En mode méditatif

L’impétueux Donald Trump dont on dit qu’il serait par son origine la rencontre des deux opposés ;l’Allemagne d’où fleurit le nazisme, donc la Shoah , et Ayiti, manman libète , qui , dans son dénuement , fut la terre d’accueil de tous les persécutés ; ce cher Donald , disons nous , devra bien méditer la leçon de ses devanciers et de l’histoire. Pour éviter l’accélération de l’effondrement que certains de ses zélés partisans fondamentalistes appellent de leurs vœux.

Tout système , en son déclin, tend à reproduire en pire les conditions de sa genèse. En tout état de cause , le come back de Trump est appelé à marquer un tournant. Soit par un saut périlleux en arrière , en vaine quête d’une gloire irrémédiablement perdue, il entraine l’ Amérique dans l’ accélération brutale de sa chute. Soit il trouve le rectificando qui conduit à la porte de sortie pour s’ engager , en douceur , dans une alternative de Civilisation
Les premiers signes semblent indiquer un aveuglement manifeste à persister dans la mauvaise voie.
Mais ne dit on pas que de la main de sa progéniture préférée périra la Bete .
Là oú croit le péril croit aussi ce qui sauve. À comprendre.
D’aucuns ont cru trouver ses traces généalogiques parmi ces Prussiens, qui se sont positionnés du bon coté de l’histoire , solidaires de nos ancêtres de l’armée indigène .
L’existence étant avant tout question de choix , même à propos du fil de ses ascendants à suivre , donc du Karma à porter ou à supporter , l’élu étasunien , , peut toujours décider de se connecter à sa souche haytienne ou de remplir sa coupe d’iniquités , en poursuivant l’œuvre Anthropocidaire..
En tout cas , il sera « témoin de lui-même, quelque’ excuse qu’il profère. » Car Il est impossible qu’un homme ignore son propre état, objet de son assentiment direct. En outre, « des messagers ne sont-ils pas venus vous éclairer dans votre propre langage ? » À ceux qui persistent en négateurs , ils ne font qu’ajouter une souillure à leur souillure
Quant à Aïti , on peut toujours continuer à y voir un « shit hole » au lieu d’une perle ensevelie sous les déchets de la civilisation matérialiste , mais le rôle essentiel de lien entre les diverses races et formes de vie , qui fait de lui le point focal de rayonnement d’une civilisation animiste, manifestation d’un mode de vie supérieur, d’une autre manière d’être au monde, est la clé de sortie de l’impasse actuelle.
Voila pourquoi la terre sacrée de Quisqueya est considérée depuis , comme la porte de sortie de l’Anthropocide et d’entrée dans un monde nouveau. Le lieu de renouvellement de l’Age d’Or, la pente de la remontée de la voie ascendante.

Alors on comprendra que se joue, à travers l’histoire de ce singulier petit pays, le sort du présent cycle de l’aventure humaine.