Radyo Makandal Sove

Yon Kri Libète, Pou yon Sosyete, San fòs kote!

Current track

Title

Artist

LE COURAGE DE LA PAIX

Written by on May 18, 2025

APPEL D’URGENCE POUR SORTIR DU PIÈGE INFERNAL DE LA VIOLENCE GÉNOCIDAIRE ET AUTO DESTRUCTRICE

Désormais la boucle est bien bouclée, de proche en proche de mal en pis, de banditisme légal aux zones de non droit, Haïti accède au statut envié de pays soumis au terrorisme. Donc à défaut d’ouverture aux capitaux, ouvert à la récupération internationale de ses territoires perdus. Car en adhérant à la qualification par l’administration étasunienne, de la nébuleuse Viv Ansanm comme organisation terroriste, l’Etat haïtien assume que son espace de souveraineté abrite un danger international. Pire lequel danger qu’il reconnaît son incapacité à juguler.

On dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. La fournaise qu’est devenue Haïti est le lieu de perversion des plus vertueuses dispositions. Certains imprudents ont vite fait d’applaudir une mesure, selon eux, dirigée exclusivement contre les bandits aux pieds nus, arbre qui cache une forêt aux tentacules transnationales, sans en saisir toutes les implications sur le plan économique, politique et surtout symbolique. Au su de l’imbrication du phénomène des gangs armés avec la structure du pouvoir, l’Etat d‘Haïti ne courre- t-il pas le risque de se retrouver sur la liste des États soutenant le terrorisme ? De failli, il ne lui manquait plus que le titre d’Etat voyou, État paria.

Malgré l’absence de consensus juridique sur la définition du terrorisme « depuis quelques années, non seulement le terrorisme est devenu un enjeu prioritaire de la communauté internationale, mais ce crime est entré dans la qualification très restreinte des crimes internationaux les plus graves et a été doté de la plus haute qualification dans la typologie des infractions internationales. ». Ainsi est-ce en lien au chapitre VII de la charte que le conseil de sécurité a adopté la résolution 1373 classant l’acte terroriste de menace contre la paix, de rupture de la paix, etc, légitimant le recours exceptionnel à la force dans les relations internationales. Le devoir d’ingérence devient alors quasiment sans limite. N’importe quel Etat voisin pouvant s’estimer légitime à intervenir de manière unilatérale pour prévenir cette menace terroriste sur son territoire. La porte ouverte à toutes les aventures belliqueuses en aggravation du désastre en cours.

Sortir de la drôle de guerre

Au summum de l’absurde, de l’impuissance ou simplement de la démagogie, le gouvernement ne trouve pas mieux qu’à décréter dans l’indifférence générale sa drôle de guerre.

Drones, mercenaires et « budget de guerre » à l’appui, il ne fait qu’entériner, en plus de territoires, la perte quotidienne d’hommes et d’armes sophistiquées.

Ce choix d’escalade de la violence se réalise dans une quasi-opacité plaçant des citoyens devant un dilemme cornélien, tuer pour ne pas être tué. Se substituer à la force publique suspectée de toutes les accointances avec les désormais cobelligérants.

Lorsque l’Etat incapable de traquer les bandits, fait une fuite en avant, en établissant que le pays est en situation de guerre civile, il ouvre une boite de pandore aggravant le sentiment d’insécurité générale. Le règne du chen manje chen est officiellement décrété.

Est-ce qu’on se rend compte de l’éventuel embarras des partenaires étrangers qui auraient désormais à prendre partie dans une guerre civile, en violation du sacro-saint principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat ?

D’un autre coté ceux / celles qui courageusement résistent, sont pris au piège de cautionner malgré eux, l’incurie et la lâcheté de dirigeants honnis. Lorsqu’ils ne se retrouvent pas côtoyant des inconnus armés surgis de nulle part, grassement payés pour nous aider à nous massacrer.

Nous leur devons une alternative plus à la hauteur de leur courage et abnégation que cette tentation de sombrer eux-mêmes dans l’inhumanité.

En sauvegarde de la mémoire de 1803

Cessons de projeter au monde ce spectacle hideux indigne d’un peuple qui a fait 1803 qui nous avilit tous et salit la mémoire de nos ancêtres.

18 mai 1803 les captifs insurgés de Saint-Domingue, le plus grand camp de concentration à ciel ouvert de l’histoire, franchirent une étape décisive dans la construction de leur identité d’hommes libres, manifestant du coup leur humanité à la face de l’ordre esclavagiste. Haïti était né, refuge de tous les ostracisés d’un monde conçu sur la négation ontologique de la majorité des êtres. Accouchement précoce, soudain et imprévisible, qui malgré la violence des douleurs de l’enfantement est essentiellement une quête de paix. Coincés sur 28 mille km2, sous menace permanente d’asphyxie, ces forgeurs de liberté, solidaires des causes justes, n’auront depuis aucun répit. Boycottés, occupés, envahis, droitdelhommisés, démoncratisés, démounisés, ils semblent aujourd’hui poussés à la solution finale, l’autodestruction.

Et en effet, si rien n’est fait, ce dernier coup risque d’être fatal, duquel toute possibilité de relèvement est pour le moins durablement hypothéqué. Car il s’agit de notre mounité qui à travers ce déferlement de cruauté iatrogène est mise à rude épreuve. Nos enfants grandissent dans l’horreur, nos vieux meurent dans l’effroi, tandis que nos adultes braves et moins braves épuisent leur vie à s’entredéchirer. Le règne du chen manje chen se surpasse en férocité.

Comble d’anathème, l’héritage symbolique des ancêtres mis à l’encan, est exposé à l’appétit de la génération de la honte, empressée d’achever sa coupe d’iniquités.

Quelle génération laisserons-nous pour assurer l’avenir ?

Il est passé le temps de déterminer les responsabilités, en dressant fallacieusement deux camps, celui des coupables et celui des vertueux. Victimes et bourreaux se confondent dans l’indifférence indiscriminée de l’effondrement collectif.

La responsabilité n’est plus dans ce qu’on n’a pas fait hier. Elle est dans notre engagement, aujourd’hui, pour construire la paix, sauver la dignité de tous et de chacun, bâtir l’espoir des générations à venir.

18 mai 1803, nos ancêtres poussés par l’urgence, sous la menace génocidaire de la patrie des droits de l’homme, ont réalisé une unité fragile, très vite fissurée. Cet édifice en lambeaux, maintenu artificiellement sous perfusion, succombe dans les affres d’une trop longue agonie, qui risque à chaque instant d’éteindre avec elle l’âme nationale.

18 mai 2025, deux cent vingt-deux (222) ans après, le monstre, ressurgi des abimes, plus assoiffé que jamais de notre sang, nous place devant le même défit existentiel. Cette fois autrement plus subtil, car il a réussi le coup de force de nous porter à l’autodestruction. Qu’importe la main qui égorge soit en agresseur ou pour se défendre, le sacrifié est un semblable. Tandis que l’ennemi véritable, tapi dans l’ombre, tel un stratège invisible, retourne chacune de nos actions contre nous-mêmes.

La bifurcation de ce « pèlen tèt » conçu de main de maître exige le courage, non de terrasser son ombre, mais à travers l’autre de se réconcilier avec soi-même. Condition pour sortir du cycle infernal de la guerre civile, inimitié violente, de gens qui se connaissent et s’entretuent au profit de gens qu’ils ne connaissent pas.

Quand est revenu le temps des génocides des peuples comme modalité de contrôle impérial. Quand la technologie de domination arrive à capturer, à fin de sa reproduction, toutes expressions de violence.

Quand on en vient à livrer notre sécurité à des mercenaires étrangers sans consulter la population.

Quand la confusion arrive à son comble au point qu’il devient chaque instant plus difficile de distinguer l’ennemi du voisin.

Quand en fin la crise de légitimité est telle qu’on n’arrive plus à déterminer dans quel camp se retrouvent les dirigeants, celui des assassins ou des protecteurs du citoyen.

Seul est raisonnable le courage de rechercher la Paix.

Au constat de l’effondrement de l’État, d’absence totale d’empathie des tenants du pouvoir et du délitement quasi irréversible du lien social, l’urgence est d’arrêter par tous les moyens le train de la mort.

Tel que défini par les stratèges de la géopolitique impériale, l’enjeu du jeu nous échappe. Chaque pas dans le marais est un mouvement de trop qui nous enfonce dans le trou noir d’une déchéance irréversible.

Parce que sans autre finalité que la survie immédiate, tuer pour échapper à la mort, le combat est sans issue, nous sommes déjà tous vaincus si nous ne trouvons pas le courage de la Paix.

Ce n’est pas un décompte macabre favorable de cadavres d’un coté ou de l’autre de la barricade qui dégagera le chemin de l’avenir,

Le gagnant de toute guerre fratricide totale comme celle que notre pays est en train de subir est toujours le marchand de désastre.

Quand de surcroit ce dernier, arbitre suprême de nos malheurs n’attend que notre épuisement réciproque pour ramasser la mise.

Seule la Paix est révolutionnaire.

En guise de conclusion

Généralement on reconnait qu’il y a deux façons de terminer une guerre. Soit par l’écrasement d’un des belligérants, soit par la négociation qui s’impose lorsque les deux parties en conflit comprennent qu’elles sont dans une impasse et que le coût de la guerre devient trop difficile à supporter.

En l’espèce, il ne s’agit même pas de guerre mais de massacres fratricides, orchestrés pour vider un territoire stratégique de sa population. Le coût de cette sale et drôle de guerre n’est rien moins que la disparition de la nation haïtienne et l’effacement de la mémoire de Vertières.

Face à ce péril en marche, le courage de la Paix est la seule voie qui nous reste pour freiner le train de la mort et cesser d’être l’instrument de notre propre anéantissement

Bien heureux les artisans de Paix. Ils seront appelés fils de Dieu. (ou si l’on préfère fils du Soleil).

Zo Cherubin.


Reader's opinions

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *



Radyo Makandal Sove

Yon Kri Libète, Pou yon Sosyete, San fòs kote!

Current track

Title

Artist